Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/113

Cette page n’a pas encore été corrigée

moment de mourir, n’en céderai-je pas la jouissance ? Et comment la céderai-je, si je ne dispose pas du fonds ?

J’ai desséché des marais, j’ai élevé des digues qui mettent mes terres à l’abri des inondations, j’ai conduit des eaux dans des prairies qu’elles rendent fertiles ; j’ai fait des plantations dont le produit m’appartient, et dont cependant je ne jouirai pas ; en un mot, j’ai donné, à des terres sans valeur, une valeur qui est à moi tant qu’elle dure, et sur laquelle, par conséquent, je conserve des droits pour le temps où je ne serai plus. Reprenez ces terres dans l’état de friches où je les ai trouvées, et laisse-les-moi en culture et en valeur. Vous ne pouvez pas séparer ces deux choses. Convenez donc que j’ai droit de disposer de l’une comme de l’autre.

Si celui qui défriche un champ acquiert le droit d’en disposer après lui, il le transporte, avec ce droit, à celui à