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étendant même son influence jusques sur la forme & la grandeur des théâtres, elle donna occasion, comme nous l’avons vu, de les faire assez vastes pour contenir une partie considérable du peuple.

Voilà l’origine du goût des anciens pour les spectacles, pour les décorations & pour tous les arts qui y sont subordonnés ; la musique, l’architecture, la peinture & la sculpture. Chez eux, il ne pouvoit presque pas y avoir de talens perdus, parce que chaque citoyen rencontroit à tous momens des objets propres à exercer son imagination.

Notre langue n’ayant presque point de prosodie, la déclamation n’a pu avoir de règles fixes ; il nous a été impossible de la noter ; nous n’avons pu connoître l’art de la partager entre deux acteurs ; celui des pantomimes a peu d’attraits pour nous, & les spectacles ont été renfermés dans des salles où le peuple n’a pu assister. De-là, ce qui est plus à regretter, le peu de goût que nous avons pour la musique, l’architecture, la peinture