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gestes qui, étant plus variés & plus animés, étoient distingués de plus loin. C’est ce qui fit qu’on pût bâtir des théâtres assez vastes pour que le peuple assistât au spectacle. Dans l’éloignement où étoit la plus grande partie des spectateurs, le visage des comédiens ne pouvoit être vu distinctement ; & cette raison empêcha d’éclairer la scène autant qu’on le fait aujourd’hui : on introduisit même l’usage des masques. Ce fut peut-être d’abord pour cacher quelque défaut ou quelques grimaces : mais, dans la suite, on s’en servit pour augmenter la force de la voix, & pour donner à chaque personnage la physionomie que son caractère paroissoit demander. Par-là, les masques avoient de grands avantages : leur unique inconvénient étoit de dérober l’expression du visage ; mais ce n’étoit que pour une petite partie des spectateurs, & l’on ne devoit pas y faire attention.

Aujourd’hui la déclamation est devenue plus simple, & l’acteur ne