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cette manière de prononcer n’eût pas assez imité le caractère du langage d’action. Les sons, dans la naissance des langues, se succédoient donc les uns avec une rapidité extrême, les autres avec une grande lenteur. De-là l’origine de ce que les grammairiens appellent quantité, ou de la différence sensible des longues & des brèves. La quantité & la prononciation par des intervalles distincts ont subsisté ensemble, & se sont altérées à peu près avec la même proportion. La prosodie des romains approchoit encore du chant ; aussi leurs mots étoient-ils composés de syllabes fort inégales : chez nous la quantité ne s’est conservée, qu’autant que les foibles inflexions de notre voix l’ont rendu nécessaire.

§. 26. Comme les inflexions par des intervalles sensibles avoient amené l’usage d’une déclamation chantante, l’inégalité marquée des syllabes y ajouta une différence de temps & de mesure. La déclamation des anciens eut donc les deux choses