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que des hommes, dont la prosodie participoit du chant, observassent des tenues égales sur chaque syllabe :

    les organes de leur voix en respirant sur le ton le plus haut où ils fussent montés en déclamant, & en respirant ensuite successivement sur tous les autres tons, jusqu’à ce qu’ils fussent enfin parvenus au ton le plus bas où ils fussent descendus. Si la déclamation n’avoit pas été un chant où tous les tons devoient entrer, les Comédiens auroient-ils eu la précaution d’exercer chaque jour leur voix sur toute la suite des tons qu’elle pouvoit former ? »
    Enfin « les Ecrits des Anciens, comme le dit encore l’Abbé du Bos même tom. pag. 262, sont remplis de faits qui prouvent que leur attention sur tout ce qui pouvoit servir à fortifier ou bien à embellir la voix alloit jusqu’à la superstition. On peut voir dans le troisième Chapitre de l’onzième Livre de Quintilien, que par rapport à tout genre d’éloquence, les Anciens avoient fait de profondes réflexions sur la nature de la voix humaine, & sur toutes les pratiques propres à la fortifier en l’exerçant. L’art d’enseigner à fortifier & à ménager sa voix, devint même une profession particuliére. » Une déclamation qui étoit l’effet de tant de soins & de tant de réflexions pouvoit-elle être aussi simple que la nôtre ?