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Opéra sont, si je l’ose dire, les grotesques de la Poésie : d’autant plus insupportables qu’on prétend, les faire passer pour des ouvrages réguliers. Aristote nous auroit donc bien obligés de nous marquer comment la musique a pu être jugée nécessaire à la Tragédie. Au lieu de cela il s’est contenté de dire simplement, que toute sa force étoit connue : ce qui marque seulement que tout le monde étoit convaincu de cette nécessité & sentoit les effets merveilleux que le chant produisoit dans les Poemes, dont il n’occupoit que les intermédes. J’ai souvent tâché de comprendre les raisons qui obligeoient des hommes aussi habiles & aussi délicats que les Athéniens, d’associer la musique & la danse aux actions tragiques, & apres bien des recherches pour découvrir comment il leur avoit paru naturel & vrai-semblable qu’un chœur qui représentoit les spectateurs d’une action, dansât & chantât sur des évenemens