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pu naturellement être trouvée : car la meilleure manière d’instruire les autres, c’est de les conduire par la route qu’on a dû tenir pour s’instruire soi-même. Par ce moyen on ne paroîtroit pas tant démontrer des vérités déjà découvertes, que faire chercher et trouver des vérités nouvelles. On ne convaincroit pas seulement le lecteur, mais encore on l’éclaireroit ; et en lui apprenant à faire des découvertes par lui-même, on lui présenteroit la vérité sous les jours les plus intéressans. Enfin on le mettroit en état de se rendre raison de toutes ses démarches : il sauroit toujours où il est, d’où il vient, où il va : il pourroit donc juger par lui-même de la route que son guide lui traceroit, et en prendre une plus sûre toutes les fois qu’il verroit du danger à le suivre.

§. 52. La nature indique elle-même l’ordre qu’on doit tenir dans l’exposition de la vérité : car si toutes nos connoissances viennent des sens, il est évident que c’est aux