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fait la même expérience : mais, pour moi, je ne voudrois pas être condamné à ne lire jamais que de pareils écrivains. Quoiqu’il en soit, l’ordre a l’avantage de plaire plus constamment, le défaut d’ordre ne plaît que par intervalles, et il n’y a point de règles pour en assurer le succès. Montaigne est donc bien heureux d’avoir réussi, et l’on seroit bien hardi de vouloir l’imiter.

§. 50. L’objet de l’ordre, c’est de faciliter l’intelligence d’un ouvrage. On doit donc éviter les longueurs, parce qu’elles lassent l’esprit ; les disgressions, parce qu’elles le distraient ; les divisions et les soudivisions trop fréquentes, parce qu’elles l’embarrassent ; et les répétitions, parce qu’elles le fatiguent : une chose dite une seule fois, et où elle doit l’être, est plus claire que répétée ailleurs plusieurs fois.

§. 51. Il faut dans l’exposition, comme dans la recherche de la vérité, commencer par les idées les plus faciles, et qui viennent immédiatement