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§. 44. Voilà les réflexions que j’avois faites sur la méthode, quand je lûs, pour la première fois, le chancelier Bacon. Je fus aussi flatté de m’être rencontré en quelque chose avec ce grand homme, que je fus surpris que les cartésiens n’en eussent rien emprunté. Personne n’a mieux connu que lui la cause de nos erreurs : car il a vu que les idées qui sont l’ouvrage de l’esprit, avoient été mal faites, et que, par conséquent, pour avancer dans la recherche de la vérité, il falloit les refaire. C’est un conseil qu’il répete souvent[1]. Mais pouvoit-on

  1. Nemo, dit-il, {{lang|la|adhuc tanta mentis constantia & rigore inventus est, ut decreverit & sibi imposuerit, theorias & notiones communes penitus abolere, & intellectum abrasum & aquum ad particularia de integro applicare. Itaque illa ratio humana quam habemus, ex multae fide, & multo etiam casu, nec non ex puerilibus, quas primo hausimus, notionibus, farrago quadam est & congeries.
    Quod si quis atate matura, & sensibus integris ; & mente repurgata, se ad experientiam & ad particuliaria de integro applicet,