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conduite a eu beaucoup de part à la révolution dont ce philosophe est l’auteur.

§. 42. Rien ne seroit plus important que de conduire les enfans de la manière dont je viens de remarquer que nous devrions nous conduire nous-mêmes. On pourroit en jouant avec eux, donner aux opérations de leur ame tout l’exercice dont elles sont susceptibles, si, comme je le viens de dire, il n’est point d’objet qui n’y soit propre. On pourroit même insensiblement leur faire prendre l’habitude de les régler avec ordre. Quand par la suite l’âge et les circonstances changeroient les objets de leurs occupations, leur esprit seroit parfaitement développé, et se trouveroit de bonne heure une sagacité que, par toute autre méthode, il n’auroit que fort tard, ou même jamais. Ce n’est donc ni le latin, ni l’histoire, ni la géographie, etc. Qu’il faut apprendre aux enfans. De quelle utilité peuvent être ces sciences dans un âge où l’on ne sçait pas encore penser ? Pour moi, je plains les enfans dont on admire le savoir, et je prévois le moment où l’on sera