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pourroient prouver que l’homme ne pense qu’autant qu’il emprunte des secours, soit des objets qui lui frappent les sens, soit de ceux dont son imagination lui retrace les images.

§. 39. J’ai dit que l’analyse est l’unique secret des découvertes : mais, demandera-t-on, quel est celui de l’analyse ? La liaison des idées. Quand je veux réfléchir sur un objet, je remarque d’abord que les idées que j’en ai, sont liées avec celles que je n’ai pas, et que je cherche. J’observe ensuite que les unes et les autres peuvent se combiner de bien des manières, et que selon que les combinaisons varient, il y a entre les idées plus ou moins de liaison. Je puis donc supposer une combinaison où la liaison est aussi grande qu’elle peut l’être ; et plusieurs autres où la liaison va en diminuant, en sorte qu’elle cesse enfin d’être sensible. Si j’envisage un objet par un endroit qui n’a point de liaison sensible avec les idées que je cherche, je ne trouverai rien. Si la liaison est légère, je découvrirai peu