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puissent nous distraire. Je dis inopinées : car quels que soient les changemens qui se font autour de nous, s’ils n’offrent rien à quoi nous ne devions naturellement nous attendre, ils ne font que nous appliquer plus fortement à l’objet dont nous voulions nous occuper. Combien de choses différentes ne rencontre-t-on pas quelquefois dans une même campagne ? Des côteaux abondans, des plaines arides, des rochers qui se perdent dans les nues, des bois où le bruit et le silence, la lumière et les ténèbres se succèdent alternativement, etc. Cependant les poëtes éprouvent tous les jours que cette variété les inspire ; c’est qu’étant liée avec les plus belles idées dont la poësie se pare, elle ne peut manquer de les réveiller. La vûe, par exemple, d’un côteau abondant retrace le chant des oiseaux, le murmure des ruisseaux, le bonheur des bergers, leur vie douce et paisible, leurs amours, leur constance, leur fidélité, la pureté de leurs mœurs, etc. Beaucoup d’autres exemples