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que pour celles des substances. Les législateurs n’avoient point de modèles, quand ils ont réuni la première fois certaines idées simples, dont ils ont composé les loix, et quand ils ont parlé de plusieurs actions humaines, avant d’avoir considéré s’il y en avoit des exemples quelque part. Les modèles des arts ne se sont pas non plus trouvés ailleurs que dans l’esprit des premiers inventeurs. Les substances telles que nous les connoissons, ne sont que certaines collections de propriétés qu’il ne dépend point de nous d’unir ni de séparer, et qu’il ne nous importe de connoître qu’autant qu’elles existent, et que de la manière qu’elles existent. Les actions des hommes sont des combinaisons qui varient sans cesse, et dont il est souvent de notre intérêt d’avoir des idées, avant que nous en ayons vû des modèles. Si nous n’en formions les notions qu’à mesure que l’expérience les feroit venir à notre connoissance, ce seroit souvent trop tard. Nous sommes