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de fixer le nombre et la qualité des idées simples dont on peut former une notion complexe. Ce qui fait qu’on trouve tant d’obstacles à arrêter, dans ces occasions, le sens des noms, et qu’après bien des peines on y laisse encore beaucoup d’équivoque et d’obscurité ; c’est qu’on prend les mots tels qu’on les trouve dans l’usage auquel on veut absolument se conformer. La morale fournit sur-tout des expressions si composées, et l’usage, que nous consultons, s’accorde si peu avec lui-même, qu’il est impossible que cette méthode ne nous fasse parler d’une manière peu exacte, et ne nous fasse tomber dans bien des contradictions. Un homme qui ne s’appliqueroit d’abord à ne considérer que des idées simples, et qui ne les rassembleroit sous des signes qu’à mesure qu’il se familiariseroit avec elles, ne courroit certainement pas les mêmes dangers. Les mots les plus composés, dont il seroit obligé de se servir, auroient constamment une signification déterminée, parce qu’en