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nous permettent pas de nous tromper dans l’usage que nous sommes obligés de faire de ces termes.

Pour la métaphysique, c’est assez que les sensations représentent de l’étendue, des figures et des couleurs. La variété qui se trouve entre les sensations de deux hommes, ne peut occasionner aucune confusion. Que, par exemple, ce que j’appelle bleu me paroisse constamment ce que d’autres appellent verd, et que ce que j’appelle verd me paroisse constamment ce que d’autres appellent bleu ; nous nous entendrons aussi bien, quand nous dirons, les prés sont verds, le ciel est bleu, que si à l’occasion de ces objets nous avions tous les mêmes sensations. C’est qu’alors nous ne voulons dire autre chose, sinon que le ciel et les prés viennent à notre connoissance sous des apparences qui entrent dans notre ame par la vûe, et que nous nommons bleues, vertes. Si l’on vouloit faire signifier à ces mots que nous avons précisément les mêmes sensations, ces propositions ne deviendroient