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entre la manière dont je voudrois qu’on déterminât la signification des mots, et les définitions des philosophes.

§. 15. Je crois qu’il seroit inutile de se gêner dans le dessein de n’employer que les expressions accréditées par le langage des sçavans : peut-être même seroit-il plus avantageux de les tirer du langage ordinaire. Quoique l’un ne soit pas plus exact que l’autre, je trouve cependant dans celui-ci un vice de moins. C’est que les gens du monde n’ayant pas autrement réfléchi sur les objets des sciences, conviendront assez volontiers de leur ignorance, et du peu d’exactitude des mots dont ils se servent. Les philosophes honteux d’avoir médité inutilement, sont toujours partisans entêtés des prétendus fruits de leurs veilles.

§. 16. Afin de faire mieux comprendre cette méthode, il faut entrer dans un plus grand détail, et appliquer aux différentes idées ce que nous venons d’exposer d’une manière générale. Nous commencerons