Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’est trouvé lui-même, lorsqu’il a examiné les signes, et il les engageroit à lier les mêmes idées que lui aux mots qu’il auroit choisis.

§. 14. Au reste, quand je parle de faire des mots, ce n’est pas que je veuille qu’on propose des termes tout nouveaux. Ceux qui sont autorisés par l’usage, me paroissent d’ordinaire suffisans pour parler sur toutes sortes de matières. Ce seroit même nuire à la clarté du langage, que d’inventer sur tout dans les sciences, des mots sans nécessité. Je me sers donc de cette façon de parler, faire des mots, parce que je ne voudrois pas qu’on commençât par exposer les termes, pour les définir ensuite, comme on fait ordinairement, mais parce qu’il faudroit qu’après s’être mis dans des circonstances où l’on sentiroit et où l’on verroit quelque chose, on donnât à ce qu’on sentiroit et à ce qu’on verroit un nom qu’on emprunteroit de l’usage. Ce tour m’a paru assez naturel, et d’ailleurs plus propre à marquer la différence qui se trouve