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§. 13. En effet, un homme qui commenceroit par se faire un langage à lui-même, et qui ne se proposeroit de s’entretenir avec les autres, qu’après avoir fixé le sens de ses expressions par des circonstances où il auroit sçû se placer, ne tomberoit dans aucun des défauts qui nous sont si ordinaires. Les noms des idées simples seroient clairs, parce qu’ils ne signifieroient que ce qu’il appercevroit dans des circonstances choisies : ceux des idées complexes seroient précis, parce qu’ils ne renfermeroient que les idées simples que certaines circonstances réuniroient d’une manière déterminée. Enfin, quand il voudroit ajouter à ses premières combinaisons, ou en retrancher quelque chose, les signes qu’il employeroit, conserveroient la clarté des premiers, pourvu que ce qu’il auroit ajouté ou retranché, se trouvât marqué par de nouvelles circonstances. S’il vouloit ensuite faire part aux autres de ce qu’il auroit pensé, il n’auroit qu’à les placer dans les mêmes points de vûe où il