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une affectation puérile et ridicule. L’usage est uniforme et constant pour les noms des idées simples et pour ceux de plusieurs notions familières au commun des hommes, alors il n’y faut rien changer : mais lorsqu’il est question des idées complexes qui appartiennent plus particulièrement à la métaphysique et à la morale, il n’y a rien de plus arbitraire, ou même souvent de plus capricieux. C’est ce qui m’a porté à croire que, pour donner de la clarté et de la précision au langage, il falloit reprendre les matériaux de nos connoissances, et en faire de nouvelles combinaisons sans égard pour celles qui se trouvent faites.

§. 12. Nous avons vû, en examinant les progrès des langues, que l’usage ne fixe le sens des mots, que par le moyen des circonstances où l’on parle[1]. A la vérité il semble que ce soit le hasard qui dispose des

  1. Seconde Partie, Sect. I. Ch. IX.