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les renferme dans une cause unique, et qui est telle que nous ne saurions nous cacher qu’elle n’ait eu jusqu’ici beaucoup de part dans nos jugemens. Peut-être même pourroit-on obliger les philosophes les plus prévenus de convenir qu’elle a jetté les premiers fondemens de leurs systêmes : il ne faudroit que les interroger avec adresse. En effet si nos passions occasionnent des erreurs, c’est qu’elles abusent d’un principe vague, d’une expression métaphorique et d’un terme équivoque, pour en faire des applications d’où nous puissions déduire les opinions qui nous flattent. Si nous nous trompons, les principes vagues, les métaphores, et les équivoques sont donc des causes antérieures à nos passions. Il suffira, par conséquent, de renoncer à ce vain langage pour dissiper tout l’artifice de l’erreur.

§. 8. Si l’origine de l’erreur est dans le défaut d’idées, ou dans des idées mal déterminées, celle de la vérité doit être dans des idées bien déterminées. Les mathématiques en