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d’autant plus profondes, qu’ils y trouvent moins de résistance. Les organes se développent lentement, la raison vient avec plus de lenteur encore, et nous nous remplissons d’idées et de maximes telles que le hasard et une mauvaise éducation les présentent. Parvenus à un âge où l’esprit commence à mettre de l’ordre dans ses pensées, nous ne voyons encore que des choses avec lesquelles nous sommes depuis long-tems familiarisés. Ainsi nous ne balançons pas à croire qu’elles sont, et qu’elles sont telles, parce qu’il nous paroît naturel qu’elles soient et qu’elles soient telles. Elles sont si vivement gravées dans notre cerveau, que nous ne saurions penser qu’elles ne fussent pas, ou qu’elles fussent autrement. De-là cette indifférence pour connoître les choses avec lesquelles nous sommes accoutumés, et ces mouvemens de curiosité pour tout ce qui paroît de nouveau.

§. 4. Quand nous commençons à réfléchir, nous ne voyons pas comment