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paradoxes brillans, des tours frivoles, des expressions recherchées, des mots faits sans nécessité, &, pour tout dire, du jargon des beaux esprits gâtés par une mauvaise métaphysique. Le public applaudit : les ouvrages frivoles, ridicules, qui ne naissent que pour un instant, se multiplient : le mauvais goût passe dans les arts & dans les sciences ; & les talens deviennent rares de plus en plus.

§. 160. Je ne doute pas que je ne sois contredit sur ce que j’ai avancé touchant le caractère des langues. J’ai souvent rencontré des personnes qui croyent toutes les langues également propres pour tous les genres, & qui prétendent qu’un homme organisé comme Corneille, dans quelque siècle qu’il eut vêcu, & dans quelque idiôme qu’il eut écrit, eut donné les mêmes preuves de talens.

Les signes sont arbitraires la première fois qu’on les employe ; c’est peut-être ce qui a fait croire qu’ils ne sauroient avoir de caractère. Mais