Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

fort l’analyse, que les hommes à qui elle seroit naturelle, se conduiroient jusques dans leurs plaisirs comme des géomètres qui cherchent la solution d’un problême. Entre ces deux extrémités, nous pourrions nous représenter toutes les langues possibles, leur voir prendre différens caractères selon l’extrémité dont elles se rapprocheroient, & se dédommager des avantages qu’elles perdroient d’un côté, par ceux qu’elles acquerroient de l’autre. La plus parfaite occuperoit le milieu, & le peuple qui la parleroit, seroit un peuple de grands hommes.

Si le caractère des langues, pourra-t-on me dire, est une raison de la supériorité des philosophes modernes sur les philosophes anciens, ne sera-ce pas une conséquence que les poëtes anciens soient supérieurs aux poëtes modernes ? Je réponds que non : l’analyse n’emprunte des secours que du langage ; ainsi elle ne peut avoir lieu qu’autant que les langues la favorisent : nous avons vu au contraire que les