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un au langage, en multipliant les tours qui expriment le goût dominant d’un peuple. 4°. Cela arrive lentement dans les langues formées des débris de plusieurs autres : mais ces obstacles une fois surmontés ; les règles de l’analogie s’établissent, le langage fait des progrès, & les talens se développent. On voit donc pourquoi les grands écrivains ne naissent pas également dans tous les siècles, & pourquoi ils viennent plutôt chez certaines nations, & plus tard chez d’autres. Il nous reste à examiner par quelle raison les hommes excellens dans tous les genres sont presque contemporains.

§. 152. Quand un génie a découvert le caractère d’une langue, il l’exprime vivement & le soutient dans tous ses écrits. Avec ce secours le reste des gens à talens, qui auparavant n’eussent pas été capables de le pénétrer d’eux-mêmes, l’apperçoivent sensiblement, & l’expriment à son exemple chacun dans son genre. La langue s’enrichit peu à peu de quantité de nouveaux tours,