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chose présentée dans ce point de vûe, est si sensible qu’on ne sauroit la révoquer en doute.

Si la langue de ces peuples grossiers est un obstacle aux progrès de l’esprit, donnons-lui un dégré de perfection, donnons-lui-en deux, trois, quatre ; l’obstacle subsistera encore, & ne peut diminuer qu’à proportion des dégrés qui auront été ajoutés. Il ne sera donc entièrement levé, que quand cette langue aura acquis à peu près autant de dégrés de perfection, que la nôtre en avoit, quand elle a commencé à former de bons écrivains. Il est, par conséquent, démontré que les nations ne peuvent avoir des génies supérieurs, qu’après que les langues ont déja fait des progrès considérables.

§. 151. Voici dans leur ordre les causes qui concourent au développement des talens. 1°. Le climat est une condition essentielle. 2°. Il faut que le gouvernement ait pris une forme constante, & que par-là il ait fixé le caractère d’une nation. 3°. C’est à ce caractère à en donner