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climat n’influe que sur les organes ; le plus favorable ne peut produire que des machines mieux organisées, & vraisemblablement il en produit en tout tems un nombre à peu près égal. S’il étoit partout le même, on ne laisseroit pas de voir la même variété parmi les peuples : les uns, comme à présent, seroient éclairés, les autres croupiroient dans l’ignorance. Il faut donc des circonstances qui appliquant les hommes bien organisés aux choses pour lesquelles ils sont propres, en développent les talens. Autrement ils seroient comme d’excellens automates qu’on laisseroit dépérir, faute d’en savoir entretenir le méchanisme, & faire jouer les ressorts. Le climat n’est donc pas la cause du progrès des arts & des sciences, il n’y est nécessaire que comme une condition essentielle.

§. 146. Les circonstances favorables au développement des génies se rencontrent chez une nation dans le tems où sa langue commence à avoir des principes fixes, & un caractère décidé. Ce tems est donc