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ne paroîtra plus que l’accessoire. Quand ces momens sont arrivés, on peut retarder, mais on ne sauroit empêcher la chûte d’une langue. Il y a dans les choses morales, comme dans les physiques, un dernier accroissement, après lequel il faut qu’elles dépérissent.

C’est ainsi que les figures & les métaphores d’abord inventées par nécessité, ensuite choisies pour servir au mystère, sont devenues l’ornement du discours, lorsqu’elles ont pu être employées avec discernement ; & c’est ainsi que dans la décadence des langues, elles ont porté les premiers coups par l’abus qu’on en a fait.