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qu’ils vouloient exprimer n’étoit point connu. Pendant quelque temps, ils se bornèrent aux figures dont la nature offre des modèles : mais, par la suite, elles ne leur parurent ni suffisantes, ni assez commodes pour le grand nombre d’idées que leur imagination leur fournissoit. Ils formèrent donc leurs hiéroglyphes de l’assemblage mystérieux de choses différentes, ou de partie de divers animaux : ce qui les rendit tout-à-fait énigmatiques.

§. 131. Enfin l’usage d’exprimer les pensées par des figures analogues, & le dessein d’en faire quelquefois un secret & un mystère, engagea à représenter les modes mêmes des substances par des images sensibles. On exprima la franchise par un liévre ; l’impureté, par un bouc sauvage ; l’impudence, par une mouche ; la science, par une fourmi, etc. En un mot, on imagina des marques simboliques pour toutes les choses qui n’ont point de formes. On se contenta, dans ces occasions, d’un rapport