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période une grande quantité d’idées ; souvent même c’étoit une beauté. En françois, au contraire, on ne sçauroit prendre trop de précaution pour ne faire entrer dans une phrase que les idées qui peuvent le plus naturellement s’y construire. Il faut une attention étonnante pour éviter les ambiguités que l’usage des pronoms occasionne. Enfin, que de ressources ne doit-on pas avoir, quand on se garantit de ces défauts, sans prendre de ces tours écartés qui font languir le discours ? Mais, ces obstacles surmontés, y a-t-il rien de plus beau que les constructions de notre langue ?

§. 126. Au reste, je n’oserois me flatter de décider au gré de tout le monde la question sur la préférence de la langue latine ou de la langue françoise, par rapport au point que je traite dans ce chapitre. Il y a des esprits qui ne recherchent que l’ordre & la plus grande clarté, il y en a d’autres qui préférent la variété & la vivacité. Il est naturel qu’en ces occasions chacun juge par rapport