Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/181

Cette page n’a pas encore été corrigée

rapport que les terminaisons mettent entr’eux. Ainsi le foible obstacle qui vient de leur éloignement, ne paroît fait que pour exciter l’imagination ; & les idées ne sont dispersées qu’afin que l’esprit, obligé de les rapprocher lui-même, en sente la liaison ou le contraste avec plus de vivacité. Par cet artifice, toute la force d’une phrase se réunit quelquefois dans le mot qui la termine. Par exemple,

... Nec quicquam tibi prodest aërias tentasse domos, animoque rotundum percurrisse polum, morituro[1].

Ce dernier mot (morituro) finit avec force, parce que l’esprit ne peut le rapprocher de tibi, auquel il se rapporte, sans se retracer naturellement tout ce qui l’en sépare. Transposez morituro, conformément à la liaison des idées, & dites Nec quicquam tibi

  1. Hor. L. I. Ode 28.