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Les idées en Mathématique étant déterminées d’une manière sensible, la confusion de la notion de chose avec son essence n’entraîne aucun abus ; mais dans les sciences où l’on raisonne sur des idées archétypes, il arrive qu’on en est moins en garde contre les disputes de mot. On demande, par exemple, quelle est l’essence des poëmes dramatiques qu’on appelle comédies ; & si certaines pièces, ausquelles on donne ce nom, méritent de le porter.

Je remarque que le premier qui a imaginé des comédies n’a point eu de modèle : par conséquent, l’essence de cette sorte de poëmes étoit uniquement dans la notion qu’il s’en est faite. Ceux qui sont venus après lui, ont successivement ajouté quelque chose à cette première notion, & ont par-là changé l’essence de la comédie. Nous avons le droit d’en faire autant : mais au lieu d’en user, nous consultons les modèles que nous avons aujourd’hui, & nous formons notre idée d’après ceux qui nous plaisent