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la rendit plus complexe, selon qu’on fut plus habile à saisir de nouvelles qualités. Il est vraisemblable, par exemple, que la notion de l’or ne fut au commencement que celle d’un corps jaune & fort pesant : une expérience y fit, quelque temps après, ajouter la malléabilité ; une autre, la ductilité ou la fixité ; & ainsi successivement toutes les qualités dont les plus habiles chymistes ont formé l’idée qu’ils ont de cette substance. Chacun put observer que les nouvelles qualités qu’on y découvroit avoient, pour entrer dans la notion qu’on s’en étoit déjà faite, le même droit que les premières qu’on y avoit remarquées. C’est pourquoi il ne fut plus possible de déterminer le nombre des idées simples qui pouvoient composer la notion d’une substance. Selon les uns, il étoit plus grand ; selon les autres, il l’étoit moins : cela dépendoit entièrement des expériences & de la sagacité qu’on apportoit à les faire. Par-là, la signification des noms des substances a nécessairement été fort incertaine,