Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée

après, quand ils le régissoient ; on disoit, cela vouloir moi, pour dire, je veux cela.

§. 110. Je crois qu’il ne nous reste plus à parler que de la distinction des genres : mais il est visible qu’elle ne doit son origine qu’à la différence des sexes ; & qu’on n’a rapporté les noms à deux ou trois sortes de genres, qu’afin de mettre plus d’ordre & plus de clarté dans le langage.

§. 111. Tel est l’ordre, ou à peu près, dans lequel les mots ont été inventés. Les langues ne commencèrent proprement à avoir un style, que quand elles eurent des noms de toutes les espèces, & qu’elles se furent fait des principes fixes pour la construction du discours. Auparavant, ce n’étoit qu’une certaine quantité de termes, qui n’exprimoient une suite de pensées qu’avec le secours du langage d’action. Il faut cependant remarquer que les pronoms n’étoient nécessaires que pour la précision du style.