Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

les signes, qu’après qu’ils eurent été fixés par des circonstances marquées, & à beaucoup de reprises. Nous verrons plus bas que cela donna naissance à l’apologue.

§. 106. Les hommes ne s’entendirent jamais mieux, que lorsqu’ils donnèrent des noms aux objets sensibles. Mais aussitôt qu’ils voulurent passer aux notions archétypes ; comme ils manquoient ordinairement de modèles, qu’ils se trouvoient dans des circonstances qui varioient sans cesse, & que tous ne sçavoient pas également bien conduire les opérations de leur ame, ils commencèrent à avoir bien de la peine à s’entendre. On rassembla, sous un même nom, plus ou moins d’idées simples, & souvent des idées infiniment opposées : de-là bien des disputes de mot. Il fut rare de trouver sur ces matières, dans deux langues différentes, des termes qui se répondissent parfaitement. Au contraire, il fut très-commun, dans une même langue, d’en remarquer dont le sens n’étoit point assez déterminé