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d’avoir trouvé un rapport quelconque entre une action de l’ame & une action du corps, pour donner le même nom à l’une & à l’autre[1]. Le terme d’esprit d’où vient-il lui-même ? Si ce n’est de l’idée d’une matière très-subtile, d’une vapeur, d’un souffle qui échappe à la vue : idée avec laquelle plusieurs philosophes se sont si fort familiarisés, qu’ils s’imaginent qu’une substance composée d’un nombre innombrable de parties est capable de penser.

  1. « Je ne doute point, (dit Locke, l. 3. c. 1. §. 5.) que, si nous pouvions conduire tous les mots jusqu’à leur source, nous ne trouvassions que dans toutes les Langues, les mots qu’on employe pour signifier des choses qui ne tombent pas sous les sens, ont tiré leur premiére origine d’idées sensibles. D’où nous pouvons conjecturer qu’elle sorte de notions avoient ceux qui les premiers parlerent ces Langues-là, d’où elles leur venoient dans l’esprit, & comment la nature suggéra inopinément aux hommes l’origine & le principe de toutes leurs connoissances, par les noms même qu’ils donnoient aux choses. »