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rend mes conjectures assez vraisemblables, & qu’il y a lieu de présumer qu’elles s’écarteroient peu de la vérité, si l’on pouvoit remonter à une première langue.

§. 100. Les conjugaisons & les déclinaisons latines ont sur les nôtres l’avantage de la variété & de la précision. L’usage fréquent que nous sommes obligés de faire des verbes auxiliaires & des articles, rend le style diffus & traînant : cela est d’autant plus sensible que nous portons le scrupule jusqu’à répéter les articles sans nécessité. Par exemple, nous ne disons pas, c’est le plus pieux & plus sçavant homme que je connoisse ; mais nous disons, c’est le plus pieux & le plus sçavant, &c. On peut encore remarquer que, par la nature de nos déclinaisons, nous manquons de ces noms que les grammairiens appellent comparatifs, à quoi nous ne suppléons que par le mot plus, qui demande les mêmes répétitions que l’article. Les conjugaisons & les déclinaisons étant les parties de l’oraison