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deux ne firent qu’un mot. Par-là, les adjectifs devinrent susceptibles de conjugaison, & ne furent distingués des verbes, que parce que les qualités qu’ils exprimoient n’étoient ni action ni passion. Alors, pour mettre tous ces noms dans une même classe, on ne considéra le verbe que comme un mot qui, susceptible de conjugaison, affirme d’un sujet une qualité quelconque. Il y eut donc trois sortes de verbes : les uns actifs, ou qui signifient action : les autres passifs, ou qui marquent passion ; & les derniers neutres, ou qui indiquent toute autre qualité. Les grammairiens changèrent ensuite ces divisions, ou en imaginèrent de nouvelles ; parce qu’il leur parut plus commode de distinguer les verbes par le régime, que par le sens.

§. 96. Les adjectifs s’étant changés en verbes, la construction des langues fut quelque peu altérée. La place de ces nouveaux verbes varia comme celle des noms d’où ils dérivoient : ainsi ils furent mis tantôt avant, tantôt après le substantif dont