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ses idées dans cet ordre, fruit manger à l’avenir moi, pour dire, je mangerai du fruit.

§. 87. Les sons qui rendoient la signification du verbe déterminée, lui étant toujours ajoutés, ne firent bientôt avec lui qu’un seul mot, qui se terminoit différemment selon ses différentes acceptions. Alors le verbe fut regardé comme un nom, qui, quoiqu’indéfini dans son origine, étoit, par la variation de ses temps & de ses modes, devenu propre à exprimer d’une manière déterminée l’état d’action & de passion de chaque chose. C’est de la sorte que les hommes parvinrent insensiblement à imaginer les conjugaisons.

§. 88. Quand les mots furent devenus les signes les plus naturels de nos idées, la nécessité de les disposer dans un ordre aussi contraire à celui que nous leur donnons aujourd’hui, ne fut plus la même. On continua cependant de le faire ; parce que le caractère des langues, formé d’après cette nécessité, ne permit