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l’état d’un être ; & ils eurent de particulier, qu’ils le marquoient en tant qu’il consiste en ce qu’on appelle action & passion. Sentir, se mouvoir, étoient des verbes ; grand, petit, étoient des adjectifs : pour les adverbes, ils servoient à faire connoître les circonstances que les adjectifs n’exprimoient pas.

§. 84. Quand on n’avoit point encore l’usage des verbes, le nom de l’objet dont on vouloit parler se prononçoit dans le moment même qu’on indiquoit, par quelque action, l’état de son ame : c’étoit le moyen le plus propre à se faire entendre. Mais, quand on commença à suppléer à l’action par le moyen des sons articulés, le nom de la chose se présenta naturellement le premier, comme étant le signe le plus familier. Cette manière de s’énoncer étoit la plus commode pour celui qui parloit & pour celui qui écoutoit. Elle l’étoit pour le premier, parce qu’elle le faisoit commencer par l’idée la plus facile à communiquer : elle l’étoit encore