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noms qu’on avoit donnés aux objets sensibles, tels que ceux d’arbre, fruit, eau, feu, & autres dont on avoit plus souvent occasion de parler. Les notions complexes des substances étant connues les premières, puisqu’elles viennent immédiatement des sens, devoient être les premières à avoir des noms. À mesure qu’on fut capable de les analyser, en réfléchissant sur les différentes perceptions qu’elles renferment, on imagina des signes pour des idées plus simples. Quand on eut, par exemple, celui d’arbre, on fit ceux de tronc, branche, feuille, verdure, etc. On distingua ensuite, mais peu à peu, les différentes qualités sensibles des objets ; on remarqua les circonstances où ils pouvoient se trouver, & l’on fit des mots pour exprimer toutes ces choses : ce furent les adjectifs & les adverbes. Mais on trouva de grandes difficultés à donner des noms aux opérations de l’ame, parce qu’on est naturellement peu propre à réfléchir sur soi-même. On fut