Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

aux négres, aux caribes & aux iroquois. C’est ainsi qu’on trouve parmi les barbares le germe des arts qui se sont formés chez les nations polies, & qui, aujourd’hui destinés à nourrir le luxe dans nos villes, paroissent si éloignés de leur origine, qu’on a bien de la peine à la reconnoître.

§.71 L’étroite liaison de ces arts, à leur naissance, est la vraie raison qui les a fait confondre par les anciens sous un nom générique. Chez eux, le terme de musique comprend non seulement l’art qu’il désigne dans notre langue, mais encore celui du geste, la danse, la poësie & la déclamation. C’est donc à ces arts réunis qu’il faut rapporter la plupart des effets de leur musique, & dès-lors ils ne sont plus si surprenans[1].

  1. On dit, par exemple, que la musique de Terpandre appaisa une sédition : mais cette musique n’étoit pas un simple chant, c’étoit des vers que déclamoit ce Poëte.