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ne doivent pas se placer indifféremment. Il y a des momens où elle doit être suspendue : il y en a d’autres où elle doit finir par un repos sensible. Par conséquent, dans une langue dont la prosodie est parfaite, la succession des sons doit être subordonnée à la chûte de chaque période ; en sorte que les cadences soient plus ou moins précipitées, & que l’oreille ne trouve un repos qui ne laisse rien à desirer, que quand l’esprit est entièrement satisfait.

§. 63. On reconnoîtra combien la prosodie des romains approchoit plus que la nôtre de ce point de perfection, si l’on considère l’étonnement avec lequel Cicéron parle des effets du nombre oratoire. Il représente le peuple ravi en admiration, à la chûte des périodes harmonieuses ; &, pour montrer que le nombre en est l’unique cause, il change l’ordre des mots d’une période qui avoit eu de grands applaudissemens, & il assure qu’on en sent aussi-tôt disparoître l’harmonie. La dernière construction ne conservoit