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les circonstances d’un objet qui vient de disparoître. Par son moyen, nous pouvons continuer à penser à une chose, au moment qu’elle cesse d’être présente. On peut, à son choix, la rapporter à l’imagination ou à la mémoire : à l’imagination, si elle conserve la perception même ; à la mémoire, si elle n’en conserve que le nom ou les circonstances.

§. 20. Il est important de bien distinguer le point qui sépare l’imagination de la mémoire. Chacun en jugera par lui-même, lorsqu’il verra quel jour cette différence, qui est peut-être trop simple pour paroître essentielle, va répandre sur toute la génération des opérations de l’ame. Jusqu’ici, ce que les philosophes ont dit à cette occasion est si confus, qu’on peut souvent appliquer à la mémoire ce qu’ils disent de l’imagination, & à l’imagination ce qu’ils disent de la mémoire. Locke fait lui-même consister celle-ci en ce que l’ame a la puissance de réveiller les perceptions qu’elle a déjà eues, avec un sentiment qui, dans ce temps-là,