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nos idées sont susceptibles d’obscurité, c’est que nous ne les distinguons pas assez des expressions en usage. Nous disons, par exemple, que la neige est blanche ; & nous faisons mille autres jugemens, sans penser à ôter l’équivoque des mots. Ainsi, parce que nos jugemens sont exprimés d’une manière obscure, nous nous imaginons que cette obscurité retombe sur les jugemens mêmes & sur les idées qui les composent. Une définition corrigeroit tout. La neige est blanche, si l’on entend par blancheur la cause physique de notre perception : elle ne l’est pas, si l’on entend par blancheur quelque chose de semblable à la perception même. Ces jugemens ne sont donc pas obscurs ; mais ils sont vrais ou faux, selon le sens dans lequel on prend les termes.

Un motif nous engage encore à admettre des idées obscures & confuses. C’est la démangeaison que nous avons de sçavoir beaucoup. Il semble que ce soit une ressource pour notre curiosité de connoître, au moins, obscurément & confusément. C’est pour-