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d’une lunette dont la forme ne s’accorderoit pas avec celle de l’oeil.

Si, pour obéir à l’action de la lumière, les parties de l’oeil se modifient sans cesse avec une si grande variété & une si grande vivacité, ce ne peut être qu’autant qu’un long exercice en a rendu les ressorts plus liants & plus faciles. Ce n’étoit pas là le cas du jeune homme à qui on abaissa les cataractes. Ses yeux depuis quatorze ans accrus & nourris, sans qu’il en eut fait usage, résistoient à l’action des objets. La cornée étoit trop ou trop peu convexe par rapport à la situation des autres parties. Le cristallin devenu comme immobile réunissoit toujours les rayons en-deçà ou de-là de la rétine ; ou s’il changeoit de situation, ce n’étoit jamais pour se mettre au point où il auroit dû se trouver. Il fallut un exercice de plusieurs jours pour faire jouer ensemble des ressorts si roidis par le tems. Voilà pourquoi ce jeune homme tâtonna pendant deux mois. S’il dût quelque