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que d’après celle de l’existence.

Je pense qu’on n’adopte ces sortes de définitions, que parce que, connoissant d’ailleurs la chose définie, on n’y regarde pas de si près. L’esprit qui est frappé de quelque clarté, la leur attribue, & ne s’apperçoit point qu’elles sont inintelligibles. Cet exemple fait voir combien il est important de s’attacher à ma méthode : c’est-à-dire, de substituer toujours des analyses aux définitions des philosophes. Je crois même qu’on devroit porter le scrupule jusqu’à éviter de se servir des expressions dont ils paroissent le plus jaloux. L’abus en est devenu si familier, qu’il est difficile, quelque soin qu’on se donne, qu’elles ne fassent mal saisir une pensée au commun des lecteurs. Locke en est un exemple. Il est vrai qu’il n’en fait pour l’ordinaire que des applications fort justes : mais on l’entendroit dans bien des endroits avec plus de facilité, s’il les avoit entièrement bannies de son stile. Je n’en juge au reste que par la traduction.