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tions qui se rapportent à ces différens pouvoirs de l’ame ».

Cette crainte est digne d’un sage philosophe ; car, pourquoi agiteroit-on comme des questions fort importantes ; si le jugement appartient à l’entendement ou à la volonté ; s’ils sont l’un & l’autre également actifs ou également libres ; si la volonté est capable de connoissance, ou si ce n’est qu’une faculté aveugle ; si enfin elle commande à l’entendement, ou si celui-ci la guide & la determine ? Si, par entendement & volonté, les philosophes ne vouloient exprimer que l’ame envisagée par rapport à certains actes qu’elle produit, ou peut produire, il est évident que le jugement, l’activité & la liberté appartiendroient à l’entendement, ou ne lui appartiendroient pas, selon qu’en parlant de cette faculté, on considéreroit plus ou moins de ces actes. Il en est de même de la volonté. Il suffit dans ces sortes de cas d’expliquer les termes, en déterminant par des analyses exactes les notions qu’on se fait des choses. Mais les philosophes