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§. 26. Il me semble qu’il est inutile de rien ajouter à ces exemples, ni aux explications que j’en ai donné : ils confirment bien sensiblement que les opérations de l’esprit se développent plus ou moins, à proportion qu’on a l’usage des signes.

Il s’offre cependant une difficulté : c’est que si notre esprit ne fixe ses idées que par des signes, nos raisonnemens courent risque de ne rouler souvent que sur des mots ; ce qui doit nous jetter dans bien des erreurs.

Je réponds que la certitude des mathématiques léve cette difficulté. Pourvu que nous déterminions si exactement les idées simples attachées à chaque signe, que nous puissions, dans le besoin, en faire l’analyse ; nous ne craindrons pas plus de nous tromper, que les mathématiciens, lorsqu’ils se servent de leurs chifres. A la vérité cette objection fait voir qu’il faut se conduire avec beaucoup de précaution, pour ne pas