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Puisque les hommes ne peuvent se faire des signes, qu’autant qu’ils vivent ensemble, c’est une conséquence que le fonds de leurs idées, quand leur esprit commence à se former, est uniquement dans leur commerce réciproque. Je dis, quand leur esprit commence à se former, parce qu’il est évident que lorsqu’il a fait des progrès, il connoît l’art de se faire des signes, & peut acquérir des idées sans aucun secours étranger.

Il ne faudroit pas m’objecter qu’avant ce commerce l’esprit a déja des idées, puisqu’il a des perceptions : car des perceptions qui n’ont jamais été l’objet de la réflexion, ne sont pas proprement des idées. Elles ne sont que des impressions faites dans l’ame, ausquelles il manque pour être des idées, d’être considérées comme images.

    que les bêtes sont absolument incapables de raisonnement, & que, par consequent, leurs actions qui paroissent raisonnées, ne sont que les effets d’une imagination dont elles ne peuvent point disposer.