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Je suppose qu’un monstre auquel il a vu dévorer d’autres animaux, ou que ceux avec lesquels il vit, lui ont appris à fuir, vienne à lui : cette vue attire son attention, réveille les sentimens de frayeur qui sont liés avec l’idée du monstre, & le dispose à la fuite. Il échappe à cet ennemi, mais le tremblement dont tout son corps est agité, lui en conserve quelque temps l’idée présente ; voilà la contemplation : peu après le hazard le conduit dans le même lieu ; l’idée du lieu réveille celle du monstre avec laquelle elle s’étoit liée : voilà l’imagination. Enfin, puisqu’il se reconnoît pour le même être qui s’est déja trouvé dans ce lieu, il y a encore en lui réminiscence. On voit par-là que l’exercice de ces opérations dépend d’un certain concours de circonstances qui l’affectent d’une maniere particulière ; & qu’il doit, par conséquent, cesser, aussi-tôt que ces circonstances cessent. La frayeur de cet homme dissipée, si l’on suppose qu’il ne retourne pas dans le même lieu, ou